Action et réaction
« Dès mon premier jour en tant que gastro-entérologue, j'ai été confronté au cancer du côlon. Et j'ai vite compris qu'en tant que jeune spécialiste, la trentaine, je connaissais très peu la maladie. Et à mon grand désarroi, j'ai vu qu'il y avait des programmes de dépistage qui fonctionnaient bien dans d'autres pays, alors qu'en Belgique, il n'y avait encore rien. Puis j'ai commencé à donner des conférences, d'abord aux médecins généralistes et plus tard aux patients. Et j'ai remarqué que lorsque je devais dire à mes patients qu'ils avaient peut-être un cancer du côlon, ils ne savaient rien de la maladie, des polypes, ils ne savaient pas qu’un simple test de selles pouvait être utile ou encore que ce cancer touche un Belge sur vingt. Pour toutes ces raisons, j'ai décidé en 2010 de créer un groupe d'action avec trois étudiants. Nous avions le nom au bout de trois secondes 'Stop Cancer Côlon' et moins d'une heure plus tard, nous avions un logo qui est toujours le même aujourd’hui ! »
« Nous connaissons de mieux en mieux notre adversaire, le cancer du côlon. Nous savons comment il se comporte, ce qu'il fait et entraîne comme conséquences. Et nous savons qu’avec un tel adversaire, il faut être très ambitieux si on veut lutter efficacement! Nous faisons de notre mieux, mais c’est toujours difficile d'accepter que tant de familles sont touchées. Chaque jour, il y a plus d'une vingtaine de nouveaux diagnostics de cancer colorectal dans notre pays et c'est inacceptable dans un Etat-providence comme la Belgique. Surtout si vous savez que la moitié de ces cas pourraient être évités si les citoyens étaient plus informés, sensibilisés. Je dis à tous les journalistes : « Luttez contre ce cancer, en écrivant à son sujet, en fournissant des informations, en faisant du bruit ». J’espère que certaines personnes les liront ou entendront et penseront à faire ce petit test qui traîne ici depuis des semaines, qui sait... »
« Les programmes de dépistage ont plus de succès aujourd'hui que par le passé, mais il reste encore un long chemin à parcourir. C'est clair quand on regarde les chiffres : en 2019, 51,1% des personnes concernées ont passé le test en Flandre. Ce test, l'examen d'un échantillon de selles, peut sauver des vies, éviter des souffrances et réduire les coûts et de façon tellement simple ! En Wallonie, nous ne disposons pas de chiffres récents, mais les derniers chiffres montraient que moins de 20% des gens font le test qu’ils reçoivent... Comment améliorer les choses ? Les enquêtes montrent que de nombreuses personnes ne se font pas tester parce qu'elles ont peur du résultat et de ce qu’entraîne un diagnostic. Ou ils pensent qu'ils ne sont pas à risque parce qu’ils n’ont pas d’antécédents familiaux. Mais le plus gros problème, c’est que beaucoup de gens ne savent pas à quel point le dépistage est important. Il y a un vrai manque de connaissances, d'informations à ce sujet. »