Mai 2023, par D. Léotard
Il y a un an, Sophie Wilmes se mettait en congé illimité de son poste de ministre pour prendre soin de son mari, gravement malade. Depuis, elle a démissionné, et de nombreux citoyens ont témoigné de leur admiration face à ce choix. Mais il est évident que tout le monde ne peut pas se permettre de prendre une décision aussi radicale, d’abord d’un point de vue financier dans l’immédiat, puis à plus long terme. Pour pouvoir prendre une décision sage, il est important de bien réaliser les conséquences de celle-ci et, surtout, d’être motivé !
Les diverses possibilités
Congé pour assistance médicale
Chaque travailleur du secteur privé ou fonctionnaire statutaire a le droit de suspendre totalement l'exécution de son contrat de travail ou de réduire ses prestations de travail en vue d'assister un membre du ménage ou de la famille gravement malade ou de lui prodiguer des soins, de l'une ou l'autre de ces manières :
- tout travailleur (occupé à temps plein ou à temps partiel) peut suspendre totalement ses prestations durant une période 12 mois maximum par patient. Ces interruptions doivent être prises chaque fois par périodes de minimum 1 mois et de maximum 3 mois;
- tout travailleur occupé à temps plein peut réduire ses prestations d'1/5 ou d'1/2 durant une période de 24 mois maximum par patient. Ces périodes de réduction des prestations doivent également être prises chaque fois par périodes de minimum 1 mois et de maximum 3 mois;
- tout travailleur occupé à temps partiel dont le nombre d'heures de travail hebdomadaire moyen est au moins égal à ¾ du nombre d'heures de travail hebdomadaire moyen d'un travailleur occupé à temps plein peut réduire ses prestations jusqu'à la moitié d'une occupation à temps plein durant une période de 24 mois maximum par patient. Ces périodes de réduction des prestations doivent également être prises chaque fois par périodes de minimum 1 mois et de maximum 3 mois.
Les travailleurs d'une petite ou moyenne entreprise qui, au 30 juin de l'année civile précédente, comptait moins de 10 travailleurs, n'ont droit qu'à la suspension totale des prestations ; ils n’ont pas droit à une réduction de leurs prestations.
Il existe aussi des dérogations pour s’occuper d’un enfant malade par exemple, ou seulement avec l’accord de l’employeur,etc…
Pendant cette période, l’ONEM vous versera une allocation selon votre type de congé. Sachez néanmoins que cela ne sera pas autant que le salaire perdu…
Congé pour soins palliatifs
Dans le secteur privé et public, tous les travailleurs ont le droit de suspendre totalement l'exécution de leur contrat de travail ou de réduire leurs prestations de travail en vue de se consacrer à des soins palliatifs en faveur d'une personne atteinte d'une maladie incurable. Cette personne ne doit pas nécessairement être un membre de la famille. Les soins palliatifs consistent en toute forme d'assistance, aussi bien médicale, sociale, administrative que psychologique, et de soins donnés à des personnes souffrant d'une maladie incurable et se trouvant en phase terminale.
Le congé pour soins palliatifs peut s'exercer d'une des manières suivantes :
- tout travailleur (occupé à temps plein ou à temps partiel) peut suspendre totalement l'exécution de son contrat de travail durant 1 mois, par patient, dans le cadre du congé pour octroi de soins palliatifs. Cette période peut être prolongée deux fois à concurrence d'un mois;
- tout travailleur occupé à temps plein peut réduire ses prestations à concurrence d'1/5 ou d'un mi-temps durant un mois par patient. Cette période peut être prolongée deux fois à concurrence d'un mois;
- tout travailleur occupé à temps partiel dont le nombre d'heure de travail hebdomadaire est au moins égal au ¾ du nombre d'heures hebdomadaires de travail d'un travailleur occupé à temps plein peut réduire ses prestations jusqu'à la moitié d'une occupation à temps plein durant un mois par patient. Cette période peut être prolongée deux fois à concurrence d'un mois.
Une allocation de l’ONEM est également prévue dans ces cas.
Pour se renseigner plus précisément : https://emploi.belgique.be/fr/themes/jours-feries-et-conges
Et pour les indépendants ?
Il existe une possibilité d’arrêt total ou partiel de travail dans le cadre de soins prodigués à un proche gravement malade ou en soins palliatifs. Entrent en ligne de compte votre partenaire, un parent ou allié jusqu'au deuxième degré, toute personne qui habite officiellement à votre adresse. Pour pouvoir bénéficier de l'allocation d'aidant proche versée par l’INASTI, il faut :
- être indépendant, aidant ou conjoint aidant, à titre principal ou à titre complémentaire et payer des cotisations sociales équivalentes à celles d'un indépendant à titre principal ou après l'âge de la pension, payer des cotisations sociales équivalentes à celles d'un indépendant à titre principal
- interrompre temporairement, durant au moins un mois (sauf si la personne soignée décède plus tôt), votre activité professionnelle indépendante, à 100% (interruption totale) ou à 50% au moins (interruption partielle)
Pour plus de renseignements : https://www.inasti.be/fr/faq/soins-prodigues-a-un-proche-ai-je-droit-a-lallocation-daidant-proche-et-comment-dois-je-la
Faire un choix en toute conscience
Ne vous sentez surtout pas coupable si vous choisissez de poursuivre votre carrière professionnelle. Le faire pour « le qu’en dira-t-on » ou par peur de se sentir coupable n’est pas une bonne motivation. Votre choix doit correspondre à vos valeurs et vos souhaits sincères, sous peine d’arrêter de travailler mais en vous sentant vous-même mal ! N’hésitez pas à demander à un ami ou à un coach de vie de vous aider à y voir clair en toute objectivité. Et sachez qu’il existe de nombreux professionnels de l’accompagnement des personnes malades, à qui vous pouvez faire appel pour vous soulager. Préserver votre santé physique et mentale, c’est important aussi !
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