Septembre 2023, par D Léotard
De nos jours, des outils et méthodes de soins dits alternatifs ou complémentaires sont proposés de plus en plus souvent dans une approche de médecine holistique (globale) pour la prise en charge du cancer du sein. Parfois, ils sont accessibles dans une structure liée à un hôpital, mais il y a aussi de multiples offres indépendantes. Comment savoir ce qui est utile et sérieux ? Scientifiquement prouvé ? Voire recommandé ?
La société américaine d’oncologie clinique (ASCO) et la société d’oncologie intégrative (SIO) ont publié leur avis « basé sur les preuves scientifiques » (on parle ‘d’evidence based medicine’) à ce sujet il y a environ 5 ans, tandis que la société européenne d’oncologie (ESMO) n’a pas actualisé son avis à ce sujet dans ses recommandations parues en 2020 par rapport à 2018. Sachez cependant qu’il ne s’agit en aucun cas de médecines alternatives aux thérapies médicales classiques, mais bien de médecines complémentaires !
Les recommandations de grade A et B de l’ASCO
Il s’agit d’outils thérapeutiques de soutien qui ont largement fait leurs preuves, durant le traitement ou après. N’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre équipe soignante ou de votre mutuelle pour en savoir plus à propos de leur remboursement éventuel.
- La méditation, en particulier le mindfulness, est recommandée pour réduire l’anxiété, et traiter les troubles de l’humeur et les symptômes dépressifs. De manière générale, elle est recommandée pour améliorer la qualité de vie.
- La relaxation l’est aussi pour améliorer les troubles de l’humeur et les symptômes dépressifs.
- La thérapie musicale est recommandée pour réduire l’anxiété et les troubles de l’humeur
- Les techniques de gestion du stress, surtout pratiquées en groupe et sur le long terme, sont utiles pour réduire l’anxiété durant le traitement.
- Le yoga est recommandé pour réduire l’anxiété, pour améliorer les troubles de l’humeur et les symptômes dépressifs. De manière générale, il est recommandé pour améliorer la qualité de vie.
- L’acupuncture et l’acupression participent au contrôle des nausées et vomissements durant une chimiothérapie.
- Les massages sont recommandés pour améliorer les troubles de l’humeur.
De son côté, l’ESMO cite les effets bénéfiques prouvés de :
- L’activité physique : équivalent de 3 à 5 heures de marche active par semaine, pour améliorer la qualité de vie, la condition physique, les performances physiques et la fatigue, ainsi que pour l’augmentation des taux de survie !
- Le mindfulness, l’hypnose et le yoga, qui améliorent la qualité de vie, la fatigue, et contribuent à réduire l’anxiété, le stress et quelques effets secondaires des traitements anti-cancer.
- L’acupuncture, qui peut aider contre les nausées et vomissements dus aux traitements, la fatigue et les bouffées de chaleur.
Les recommandations de grade C de l’ASCO
Il s’agit de méthodes qui ont montré de bons résultats, parfois moins mais dont les études ne sont pas assez « puissantes » que pour être réellement recommandées à tous. Néanmoins, n’hésitez pas à y recourir si elles vous apportent un quelconque bénéfice, elles ne peuvent pas vous faire de tort.
- L’acupuncture, les massages et la relaxation pour réduire l’anxiété, les troubles de l’humeur ou les symptômes dépressifs.
- L’hypnose et le ginseng peuvent améliorer la fatigue durant le traitement, et contribuent à lutter contre les nausées et vomissements.
- L’acupuncture et le yoga pour améliorer la fatigue après le traitement.
- L’acupuncture, l’hypnose, la musico-thérapie peuvent contribuer à la gestion de la douleur.
- Le yoga peut améliorer le sommeil.
- L’acupuncture pour contribuer à améliorer les bouffées de chaleur.
- De manière générale, pour améliorer la qualité de vie, on peut recourir à l’acupuncture, le gui, le qigong, la réflexologie et les techniques de gestion du stress.
Les outils et méthodes non recommandés ou déconseillés
Il s’agit principalement de compléments alimentaires ou de molécules qui n’ont pas fait leur preuves ou sont potentiellement dangereux tels que :
- La glutamine,
- L’acétyl-L-carnitine,
- Les phyto-oestrogènes (soja, isoflavones, etc…)
- Les suppléments d’antioxydants,
- Les herbes, y compris celles issues de la médecine chinoise
- Les oligo-éléments (sélénium, zinc,…)
- L’oxygène et l’ozone,
- Les vitamines à hautes doses (C, D, E, etc..)
Voilà pour les plus scientifiques et sceptiques d’entre vous. Sachez néanmoins que de nombreuses études sérieuses sont en cours à propos de toutes sortes de méthodes utilisées en médecine intégrative. Si vous êtes tenté par l’une ou l’autre activité, parlez-en à votre équipe soignante avant de vous lancer et faites-vous plaisir !
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Sources :
- Heather Greenlee, Melissa J. DuPont-Reyes, Lynda G. Balneaves et al., Clinical Practice Guidelines on the Evidence-Based Use of Integrative Therapies During and After Breast Cancer Treatment, CA CANCER J CLIN 2017;67:194–232
- Gary H. Lyman, Heather Greenlee, Kari Bohlke et al., Integrative Therapies During and After Breast Cancer Treatment: ASCO Endorsement of the SIO Clinical Practice Guideline, Journal of Clinical Oncology 2018 36:25, 2647-2655
- Cardoso F,et al., 5th ESO-ESMO international consensus guidelines for advanced breast cancer (ABC 5). Ann Oncol. 2020 Dec;31(12):1623-1649.