Les soins médicaux prodigués dans les hôpitaux sont de plus en plus performants et bienveillants. Parallèlement, on prend de plus en plus conscience que les soins doivent aller au-delà de la simple clinique : les soignants ne sont pas seulement des « garagistes » du corps, ils sont aussi les gardiens de l'âme du patient. Selon le professeur Tessa Kerre, l'art peut jouer un rôle important à cet égard.
Dans un livret intitulé « L'art sur ordonnance », l'hématologue plaide pour l'importance de l'art dans la santé, tant pour les patients que pour les soignants. Elle parle de ses propres expériences et propose son projet de rêve.
« Dans notre département, nous sommes souvent témoins de la façon dont les gens rendent les autres humains. Nous réalisons comment une carte, un message, une visite, un sourire peuvent signifier quelque chose d’important, réchauffer le cœur, démêler l'esprit. Mais je vois aussi ce que les arts peuvent signifier... pour tout le monde, donc certainement pour les personnes malades. Je vois comment les arts peuvent faire une différence pour les personnes gravement malades, comment ils ramènent le monde dans une petite chambre d'hôpital », déclare le professeur Kerre. « Les arts sont indispensables, ils sont une nourriture pour l'esprit, des vitamines pour l'âme. Cela peut sembler ringard, mais je suis sérieuse. Je fonde cette opinion sur tant d'événements dont j'ai été témoin, avec mes propres oreilles, mes yeux et mon cœur.
La Dr Kerre fait également référence, entre autres, à un article paru dans la revue scientifique médicale The Lancet sur l'impact de la musique pendant ou après une intervention chirurgicale. Les auteurs-chercheurs ont analysé plus de 70 études scientifiques sur le sujet, le nombre de participants allant de 20 à plus de 400 par étude. Le choix de la musique, le moment, les circonstances et la durée différaient d'une étude à l'autre. Les résultats de ces études montrent que la musique diminue la douleur postopératoire, l'anxiété et l'utilisation d'analgésiques, tout en augmentant la satisfaction des patients. La conclusion des chercheurs ? « La musique peut être proposée comme un moyen d'aider les patients à réduire la douleur et l'anxiété pendant la période postopératoire. Le quand et le comment devront être adaptés aux protocoles cliniques individuels et aux équipes médicales.»
« La preuve scientifique de l’impact positif de la musique est définitivement apportée. Mais ce qui m'a initialement ouvert les yeux, ce sont les histoires que j'ai moi-même vécues », explique le professeur Kerre.